Ol Doinyo Lengai, Tanzania

 

Unique au monde, le Ol Doinyo Lengai (2878 m), la "Montagne de Dieu", déverse une lave noire riche en alcali et de faible température (600-800°C) lors de ses éruptions.Chimiquement instable, cette lave blanchit en 48 heures au contact de l'humidité de l'air, se tranformant partiellement en cristaux de carbonate de soude.

 

Le Lengai ...

 

 

Texte Philippe Schwarzmann et Pierre-Yves Burgi

Ascension du Lengai
(septembre 1999)

A 4 heures 30 du matin nous quittons le camp Ngare Sero dans la 4x4 bien remplie puisque nous sommes accompagnés de 6 porteurs et de notre cuisinier. Après 45 minutes de piste poussiéreuse, le 4 x 4 nous dépose sur les contreforts du volcan. Vers 5 heures 30, nous débutons l'ascension. La nuit est étoilée et déjà vers l'est, les prémices de l'aube sont visibles, renforcés par la lueur éclatante de venus qui matinale vient de se lever au-dessus des reliefs. Nous progressons régulièrement à un rythme pas trop soutenu. Passés la première partie d'un dénivelé moyen, nous pouvons éteindre nos lampes frontales, la lumière est maintenant suffisante. C'est le moment d'affronter la pente qui, plus l'on s'élève, plus s'accentue. Pas de détour inutile pour gravir les 1600 m d'altitude, le sentier s'en va droit devant lui. Par chance, la masse de la montagne nous protège des premiers rayons de soleil qui ne font qu'éclairer, d'une chaude lumière, les reliefs marqués de la vallée du Rift. Après un peu plus de 4 heures d'effort, les lèvres du cratère sont visibles. Un timing idéal puisque conciliant une montée pratiquement de plein jour et la complicité de l'ombre sur la totalité du trajet. Belle récompense de découvrir ce site d'une beauté étrange.

 

Versant nord-ouest du Lengai

Le Lengai avec son reflet dans le lac Natron

 

Le lac Natron, situé à proximité du Lengai, tient son nom du natron, qui désigne le carbonate de sodium hydraté, celui-là même qui compose la natrocarbonitite qui se déverse des pentes du Lengai.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'activité du Lengai durant notre séjour dans sa caldera sera plutôt calme. Bien que quelques fumerolles sortent en continu des homitos T23, T37S et T45, seul l'homito T40 nous laissera entrevoir une activité plus spectaculaire. Cet homilo est particulièrement accessible, et durant notre séjour nous aurons plusieurs fois l'occasion de nous y approcher afin d'observer sa cavité. Par le bruit de ressac que nous percevions à son pied, il était évident qu'un petit lac de lave s'y trouvait. Son observation pourtant ne fut pas si aisée, Avec beaucoup de prudence il fut possible de le gravir afin d'observer son intérieur. Cette opération a nécessité des gants isolants puisque le dernier mètre de son bord supérieur était brûlant. De plus, des bouffées de chaleur intense portées par le vent réduisaient la durée de l'observation. Puisque le risque d'écroulement du bord de cet homito n'était pas à exclure, l'observation de cette cavité était potentiellement très dangereuse. Les quelques observations de jour et de nuit effectuées durant notre séjour ont révélé un petit lac de lave d'environ 8m sur 5 m à une profondeur variable comprise entre 8 et 15m.

 

Le cratère du Lengai en 1966

Cratère du Lengai avec ses nombreux hornitos
(septembre 1999)

 

 Situation en février 2004

 

Il est intéressant de comparer la situation en septembre 1999 avec celle prise en 1966, parue dans le livre "La grande faille d'Afrique", editions Time-Life (1974). 

 

 

 

 

Le matin du 10 septembre ce lac de lave était situé à environ 15 m du bord et son observation fut possible (mais avec les risques décrits ci-dessus). Bien que la couleur noire de la lave en fusion donnait une apparence de boue très chaude, la dynamique des remous était distinct de ces dernière, car plus fluide. Le niveau de ce lac était très variable puisque quelques heures plus tard une nouvelle observation a révélé que son niveau était re-descendu à environ 15 m du bord. 

Hornito T40

 

 

La personne se trouvant devant l'hornito donne une idée de leur dimension 
De nuit, aucune lueur ne transparaissait de l'hornito. Seule une observation rapprochée en se penchant dans la cavité (dans les mêmes conditions d'observation de jour) nous a permis de percevoir une faible lueur rouge, légèrement orangée (ce qui est paradoxal puisque la lumière orange correspond à une température plus élevée). Il nous a été signalé par un des porteurs que cet hornito avait débordé 4 jours avant notre arrivée. Bien que déjà blanchie, les traces noires de cette coulée étaient encore visibles sur la face sud-est de cet homito.

Détails d'une coulée

 

Grand rift, avec plaine du Serengeti au loin

Il est anecdolique que les femmes Masais qui n'arrivent pas à avoir d'enfants font un pèlerinage sur un petit monticule situé sur le contrefort sud-ouest du Lengai. La couleur blanche du natron suggère-t-elle le lait maternel? Question à poser aux Masais lors d'une prochaine visite!

Hornito actif, février 2004

Lave noire riche en alcali (février 2004)

 La pluie et le soleil étaient au rendez-vous... (février 2004)